Les écrivains du XIXe siècle

L’écrit contre les injustices

La Révolution française ouvrit un siècle de révoltes et de révolutions qui secouèrent la nation tout au long du XIX^e siècle. La quête fut longue et les expériences multiples : deux empires (1803-1814, 1852-1870), trois monarchies (1815-1824, 1825-1830, 1830-1848), deux républiques (1848-1852, 1870-1940) et trois révolutions (1830, 1848, 1871). Il faut le temps de se chercher pour se trouver.

Du brouillard et du brouhaha émergea une nouvelle classe dirigeante. Puissance financière, la bourgeoisie triomphante rogna les quartiers de noblesse de la caste finissante, pendant que la paysannerie pauvre migrait désormais vers les faubourgs industrieux. Gommant l’influence de l’aristocratie et du clergé, cette classe libérale et réformatrice stimula l’essor industriel, mais également la colère populaire sur fond d’injustice et de paupérisation. Et les écrivains dans tout cela ? Eu égard au progrès de l’alphabétisation et de la presse qui accompagna le mouvement, leurs œuvres littéraires conquirent un public toujours plus large. Les romans-feuilletons et les vaudevilles, diffusés par les colporteurs, distribués dans les gares, côtoyèrent progressivement les romans littéraires, la poésie et les pièces de théâtre classiques. Le livre s’ouvrit à tous, la lecture entra dans les mœurs et les cris de l’homme de lettres furent écoutés. Dans la lignée des Lumières, de leurs pairs et aïeux, Rousseau, Diderot et Voltaire (auquel un sous-dossier est consacré), les hommes et les femmes de plume, parfois journalistes, engagèrent leurs héros et héroïnes au service de la liberté, des droits et de la dignité humaine. Si Victor Hugo et Zola trônent évidemment au panthéon des intellectuels engagés, ce numéro évoque également Alexandre Dumas, contempteur du racisme et laudateur de la nation, George Sand, symbole de l’émancipation de la femme, et Jules Vernes, figure ambiguë d’un bourgeois rebelle.